Enquête de l’IWEPS : les stéréotypes de genre ont la peau dure chez les wallon-ne-s

Pour la 5ème année consécutive, l’IWEPS a publié en 2016 son enquête phare, le Baromètre social de la Wallonie, et en a profité pour débuter des modules spécifiques dont la première thématique porte sur les discriminations, avec un premier focus consacré au genre.

Si les résultats ne nous paraissent forcément pas étonnants, cette enquête, réalisée auprès de 1410 individus de 18 ans et plus, objective toute une série de constats sur l’importance et surtout la ténacité des discriminations et stéréotypes liés au genre dans notre société, et n’est pas sans révéler quelques contradictions dans les opinions des Wallon·ne·s… Voici quelques enseignements tirés du dossier de l’IWEPS, disponible ici : http://www.iweps.be/sites/default/files/bsw2016_dossier_de_presse_final.pdf#page=13

 

Tout d’abord, d’un point de vue global, les Wallon·ne·s considèrent à :

              91% que l’égalité des droits entre femmes et hommes est « une caractéristique essentielle dans une démocratie », mais que les discriminations liées au sexe sont jugées « plutôt rares » (71%), apparaissant loin derrière les discriminations liées à l’origine ethnique ou à l’apparence physique.

Ces résultats correspondent à une moyenne européenne.

 

Ensuite, on constate une différence significative chez les répondants hommes et femmes :

              20% des femmes interrogées déclarent avoir subi une ou plusieurs discrimination(s) (le plus souvent liée à leur sexe) dans les 12 derniers mois, contre 12% des hommes (le plus souvent à cause de leur origine ethnique ou de leur âge).

              11% des hommes ne se sentent pas traités de façon égale par rapport au sexe opposé, contre 18% des femmes.

De plus,

              48% des Wallon·ne·s disent avoir été témoins de « propos à connotation sexuelle » ;

              34% ont été témoins d’une « situation où la carrière professionnelle d’une femme était freinée parce qu’elle avait des enfants » ;

              et 22% ont été témoins d’une situation où « la femme ne retrouve pas son emploi ou un emploi similaire à son retour de congé de maternité ».

Beaucoup d’hommes se retrouvent dans ces pourcentages, bien que les femmes se disent statiquement davantage témoins de discriminations liées à leur parentalité ou leur vie familiale que les hommes.

 

Enfin, les auteurs de l’enquête relèvent également l’important poids des stéréotypes dans les mentalités, renvoyant très justement le cadre légal à « une condition nécessaire, jamais suffisante ». Ainsi :

              83% des Wallon·ne·s estiment « qu’avoir un emploi est la meilleure façon pour une femme d’être indépendante ».

Cependant, dans le même temps :

              38% considèrent que « pour une femme, la vie professionnelle doit être moins importante que la famille » ;

              58% estiment que la vie de famille souffre d’une femme travaillant à temps plein ;

              22% déclarent que la carrière d’un homme passe avant celle de sa femme ;

              39% considèrent que la priorité doit être donnée aux hommes si les emplois deviennent rares ;

              et 54% pensent que « les femmes savent mieux s’occuper des enfants et des personnes âgées ».

Autrement dit, si les Wallon·ne·s sont très majoritairement favorables à l’égalité entre les femmes et les hommes, et estiment que les unes sont aussi compétentes professionnellement que les autres, ils et elles n’en considèrent pas moins que les femmes restent les plus « naturellement » à même de s’occuper des enfants, de la famille, légitimant ainsi une série de situations inégalitaires sur le marché de l’emploi et dans la sphère privée.

Pour conclure, la précision est importante : les chiffres montrent que les femmes interrogées répercutent autant, voire plus que les hommes, les différents stéréotypes liés au genre !

 

Autant dire que la lutte contre les stéréotypes de genre est loin d’être gagnée, et qu’elle reste essentielle.

Merci à l’IWEPS pour son travail et la prise en compte de la dimension de genre dans ses analyses.

 

Baptiste Dethier

 

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