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Actualité Compte-rendu

« Le sexisme dans l’espace public », l’étude de Vie Féminine

 

Vie Féminine présentait ce mardi 26 septembre, à Charleroi, les résultats de son étude sur le sexisme dans l’espace public.

Le sexisme est évidemment travaillé régulièrement par Vie Féminine et un ras-le-bol s’est clairement manifesté – « le sexisme y’en a marre ! » –, suivi par une volonté d’action concrète. Un appel à témoignages a dès lors été lancé, de janvier à mars 2017, permettant de recueillir les réponses de 400 femmes de Wallonie et Bruxelles.

Le questionnaire a été diffusé en ligne mais aussi en version papier, grâce à un travail de terrain et de proximité des intervenantes de Vie Féminine. La version papier a ainsi été très prisée dans la région de Charleroi, notamment auprès d’un milieu plus précarisé.

Une majorité de répondantes se situe dans la tranche 18-35 ans.

 

Le sexisme dans l’espace public n’est pas qu’une question d’interactions uniques entre un auteur et une victime. C’est un ensemble de comportements et de stéréotypes s’intégrant dans une société patriarcale où règnent trop souvent les rapports de domination entre les sexes et l’ignorance volontaire du consentement.

Plusieurs femmes se lèvent tour à tour dans l’assemblée pour donner des extraits (parfois très glauques) des témoignages recueillis. On a beau savoir que cela existe, cela fait toujours froid dans le dos.

 

Le premier chiffre dévoilé est sans appel : 98% des femmes interrogées déclarent avoir vécu des situations de sexisme dans l’espace public. Et il ne s’agit pas que d’évènements isolés, que d’une mauvaise expérience que l’on vit par hasard une fois dans une vie, car plus de la moitié d’entre elles considèrent que ces situations sont régulières !

C’est le constat majeur de l’étude, sur lequel il ne faut cesser d’insister : le sexisme est partout, tout le temps et sous toutes les formes. Le phénomène est classé en quatre catégories :

Cette étude, comme on le voit régulièrement sur Internet avec la multiplication de blogs spécifiques, met en lumière le besoin pour les femmes d’avoir un espace où en parler, où partager des expériences parfois très traumatisantes et être entendues. Les répondantes ont d’ailleurs été particulièrement loquaces, n’hésitant pas à déborder les cadres de réponse pour déposer ce qu’elles avaient dans la tête et sur le cœur.

Sexisme en rue ou dans les TEC : 67%.

Comment ces personnes se sont-elles principalement senties après avoir été victimes de ces situations de sexisme ?

Ces chiffres sont particulièrement interpellants dans la mesure où ils traduisent des conséquences à moyen voire à long terme. Il ne s’agit pas seulement d’un inconfort momentané mais de sentiments négatifs permanents qui nuisent au bien-être et peuvent entraîner un repli sur soi et des stratégies d’évitement.

 

74% des répondantes ont déclaré avoir parlé de l’agression vécue à une personne de leur entourage. C’est assez positif mais 26% de personnes qui gardent pour elles une expérience de ce type reste un pourcentage non négligeable. Ensuite, les réactions des personnes à qui ces femmes se sont confiées diffèrent : alors que 73% font preuve d’un soutien et/ou d’une colère partagée, 21% banalisent l’expérience vécue (« ce n’est pas si grave », « c’est passé, tu es vivante, n’y penses plus » et 6% vont jusqu’à une réaction de culpabilisation (« mais tu as vu comme tu étais habillée aussi ? », « tu l’as peut-être regardé d’une certaine façon, il a cru que… »).

Seulement 3% des répondantes sont allées plus loin en portant plainte, utilisant ainsi la loi de 2014 contre le sexisme dans l’espace public. 48% seulement ont déclaré connaître l’existence de cette loi. Selon Laetitia Genin, coordinatrice nationale de Vie Féminine, cette loi représente un signal fort, nécessaire mais insuffisant : il faudrait davantage informer de son existence, faciliter ses conditions de mise en application (accueil de la plainte, par exemple) et encourager plus vivement son utilisation.

 

Au-delà de l’objectivation bienvenue du phénomène, Vie Féminine insiste sur l’importance d’un véritable travail articulé, qui s’attarde à la fois sur l’éducation des filles et garçons, sur l’accueil et l’accompagnement respectueux des victimes, sur les outils juridiques favorables aux femmes et sur leur visibilité.

Le rapport complet sera disponible début octobre et Vie Féminine propose également de poursuivre le travail mené le 24/10, à Charleroi, avec un workshop sur le sexisme dans l’espace public.

 

Le public était présent en nombre dans la belle brasserie carolo de l’Eden. Outre le secteur associatif, on notait la présence de responsables politiques, de journalistes, de membres des secteurs de la police et de la justice, des participantes à l’enquête, des membres d’organisations syndicales, etc. Un beau succès, bien relayé dans les médias.

Nous avons comptabilisé 79 personnes présentes dans la salle, 65 femmes et 14 hommes. Fait amusant pour l’anecdote : sur les 17 interventions du public, 7 hommes ont pris la parole. Un pourcentage de présence de 17,7% pour ensuite passer à un taux de prise de parole de 41,2%. Un autre phénomène qui illustre toujours – sans juger aucunement la qualité de interventions de ces messieurs, que du contraire – une forme de déséquilibre au sein du débat public…

 

EDIT : l’étude finale est désormais publiée et disponible ici.

 

Baptiste Dethier

 

Actualité Compte-rendu

Compte-rendu: Journées d’étude de l’ACRF Femmes en Milieu Rural

Ces 11 et 12 septembre 2017, le mouvement ACRF Femmes en Milieu Rural se réunissait sur le thème : Droit dans le mur…à moins que ?

Pour Daisy Herman, secrétaire générale, ce titre peut paraître pessimiste mais c’est sa deuxième partie qui est à souligner, désignant une volonté optimiste de se questionner, de continuer à développer un esprit critique sur l’engagement à réaliser dans la société de 2017.

Les deux journées étaient divisées en quatre thèmes :

  • Belgique
  • Europe
  • Presse/médias
  • Education permanente

 

Nous n’avons pu assister qu’à la première matinée, structurée autour d’un exposé de Pierre Verjans, politologue à l’Université de Liège (d’ailleurs, ne dites plus « ULg », mais « ULiège » !) et fin connaisseur de la politique belge. Son intervention, intitulée « Belgique : quelle responsabilité pour le citoyen ? », a brossé pendant plus d’une heure, sans compter les échanges qui ont suivi, un panorama de notre système politique aux multiples facettes.

 

La place du citoyen dans la décision politique a beaucoup évolué depuis la création de la Belgique en 1830. Nous sommes passé·e·s d’un parlementarisme élitiste (seuls 2% de la population avaient accès au vote) à une démocratie de partis. Les partis représentaient les citoyen·ne·s (tou·te·s ont été progressivement inclus·es) et formaient de grands blocs. Depuis 20 à 30 ans environ, la démocratie de partis a fait place à une « démocratie du public ».

Autrement dit, il ne s’agit plus tant d’une question de programme mais plutôt de notoriété : les sondages ont pris une importance cruciale dans la politique, faisant et défaisant des coalitions, alimentant les stratégies ou encore offrant aux citoyen·ne·s, grâce aux médias, un aperçu des opinions de leurs semblables. Cela participe d’une individualisation de la société, tant dans son respect des opinions légitimes de chacun·e que dans le morcellement de la mobilisation citoyenne.

Le point d’orgue de l’exposé concernait les formes de participation citoyenne. Les citoyen·ne·s peuvent participer à la délibération (panels, comités de quartier…) et à la prise de décision (consultations populaires, référendums) mais ces deux formes n’offrent pas toujours suffisamment de satisfaction : ce sont toujours les mêmes qui participent, les choix de la population ne sont pas toujours suivis, etc.

Une voie alternative est visible dans le travail que mènent les associations et mouvements d’éducation permanente : s’informer, discuter, construire une opinion, poser un regard critique sur les intérêts en jeu, prendre parti dans les intérêts en jeu et enfin peser sur la décision. L’engagement associatif est parfois décourageant parce qu’il semble loin du pouvoir politique, de la prise de décision. L’intérêt du secteur associatif est donc de solidifier un collectif, de se rassembler pour construire une vision du monde, de la société, et de peser sur les personnes et les institutions qui détiennent les responsabilités politiques.

Il ne faut pas minimiser ce pouvoir d’influence. Les hommes et les femmes politiques sont à l’écoute des revendications des individus et des associations. Le message de Pierre Verjans est clair : « Nous aurons des élections en 2018 et 2019 : envoyez vos revendications ! Faites-le, ne vous dites pas que c’est inutile. Plus vous serez et plus vous influerez sur les décisions« .

C’est son avis par rapport au thème des journées d’étude, avec un rappel au désormais célèbre « Indignez-vous » de Stéphane Hessel : même si ce n’est pas facile, il faut tenter d’être des actrices et acteurs du changement, pour se rapprocher de la vision du monde que nous prônons.

Une centaine de personnes étaient présentes – parmi lesquelles cinq hommes. Il apparaît clairement que le public est plutôt âgé (combien de fois n’avons-nous pas entendu, en une petite demi-journée, parler du PSC au lieu du CDH !) et la question du renouvellement se pose inévitablement. Les organisatrices ont tout à fait conscience de cette évolution et ne manquent visiblement pas d’idées et d’énergie pour tenter d’opérer une transition dans la pérennité. Une collaboration va d’ailleurs très prochainement naître entre l’ACRF Femmes en Milieu Rural et Synergie Wallonie pour l’égalité entre les femmes et les hommes, sur le thème plus que d’actualité de la conciliation des temps de vie.

Au-delà de cette incertitude face à l’avenir, l’ACRF reste un mouvement toujours très actif, touchant un nombre élevé de femmes à travers la Wallonie, proposant de multiples activités et géré par une équipe dynamique. Si son public vieillit progressivement, il n’en est pas moins en demande de rencontres et d’apprentissages, autrement dit d’éducation permanente. L’ACRF ne cesse donc de remplir sa mission, comme en témoigne cette participante : « Encore ce matin, j’ai l’impression d’avoir reçu une bonne formation. J’ai appris beaucoup de choses, ça stimule l’esprit. Avec l’âge, comme d’autres, je ne suis plus très active mais on veut rester dans une dynamique. Ce genre de moment est important pour continuer à s’éduquer« .

Nul doute que ces deux journées se sont poursuivies de la même manière.

 

Baptiste Dethier

 

Actualité Compte-rendu Stéréotypes

Enquête de l’IWEPS : les stéréotypes de genre ont la peau dure chez les wallon-ne-s

Pour la 5ème année consécutive, l’IWEPS a publié en 2016 son enquête phare, le Baromètre social de la Wallonie, et en a profité pour débuter des modules spécifiques dont la première thématique porte sur les discriminations, avec un premier focus consacré au genre.

Si les résultats ne nous paraissent forcément pas étonnants, cette enquête, réalisée auprès de 1410 individus de 18 ans et plus, objective toute une série de constats sur l’importance et surtout la ténacité des discriminations et stéréotypes liés au genre dans notre société, et n’est pas sans révéler quelques contradictions dans les opinions des Wallon·ne·s… Voici quelques enseignements tirés du dossier de l’IWEPS, disponible ici : http://www.iweps.be/sites/default/files/bsw2016_dossier_de_presse_final.pdf#page=13

 

Tout d’abord, d’un point de vue global, les Wallon·ne·s considèrent à :

              91% que l’égalité des droits entre femmes et hommes est « une caractéristique essentielle dans une démocratie », mais que les discriminations liées au sexe sont jugées « plutôt rares » (71%), apparaissant loin derrière les discriminations liées à l’origine ethnique ou à l’apparence physique.

Ces résultats correspondent à une moyenne européenne.

 

Ensuite, on constate une différence significative chez les répondants hommes et femmes :

              20% des femmes interrogées déclarent avoir subi une ou plusieurs discrimination(s) (le plus souvent liée à leur sexe) dans les 12 derniers mois, contre 12% des hommes (le plus souvent à cause de leur origine ethnique ou de leur âge).

              11% des hommes ne se sentent pas traités de façon égale par rapport au sexe opposé, contre 18% des femmes.

De plus,

              48% des Wallon·ne·s disent avoir été témoins de « propos à connotation sexuelle » ;

              34% ont été témoins d’une « situation où la carrière professionnelle d’une femme était freinée parce qu’elle avait des enfants » ;

              et 22% ont été témoins d’une situation où « la femme ne retrouve pas son emploi ou un emploi similaire à son retour de congé de maternité ».

Beaucoup d’hommes se retrouvent dans ces pourcentages, bien que les femmes se disent statiquement davantage témoins de discriminations liées à leur parentalité ou leur vie familiale que les hommes.

 

Enfin, les auteurs de l’enquête relèvent également l’important poids des stéréotypes dans les mentalités, renvoyant très justement le cadre légal à « une condition nécessaire, jamais suffisante ». Ainsi :

              83% des Wallon·ne·s estiment « qu’avoir un emploi est la meilleure façon pour une femme d’être indépendante ».

Cependant, dans le même temps :

              38% considèrent que « pour une femme, la vie professionnelle doit être moins importante que la famille » ;

              58% estiment que la vie de famille souffre d’une femme travaillant à temps plein ;

              22% déclarent que la carrière d’un homme passe avant celle de sa femme ;

              39% considèrent que la priorité doit être donnée aux hommes si les emplois deviennent rares ;

              et 54% pensent que « les femmes savent mieux s’occuper des enfants et des personnes âgées ».

Autrement dit, si les Wallon·ne·s sont très majoritairement favorables à l’égalité entre les femmes et les hommes, et estiment que les unes sont aussi compétentes professionnellement que les autres, ils et elles n’en considèrent pas moins que les femmes restent les plus « naturellement » à même de s’occuper des enfants, de la famille, légitimant ainsi une série de situations inégalitaires sur le marché de l’emploi et dans la sphère privée.

Pour conclure, la précision est importante : les chiffres montrent que les femmes interrogées répercutent autant, voire plus que les hommes, les différents stéréotypes liés au genre !

 

Autant dire que la lutte contre les stéréotypes de genre est loin d’être gagnée, et qu’elle reste essentielle.

Merci à l’IWEPS pour son travail et la prise en compte de la dimension de genre dans ses analyses.

 

Baptiste Dethier

 

Actualité Compte-rendu Politiques temporelles

C’est la rentrée ! Episode 1/4 : les « Temporelles 2016 »

Les 17 et 18 novembre dernier, nous organisions, en partenariat avec le réseau français Tempo Territorial, un colloque consacré aux « politiques temporelles », à l’égalité F/H et à leur implémentation en Belgique francophone.

Les politiques temporelles, nées en Italie et développées notamment dans plusieurs grandes villes de France, ont pour objectif d’améliorer la qualité de vie des citoyen-ne-s en prenant formellement et transversalement en compte les rythmes de vie, les temporalités, la conciliation/articulation des temps de vie dans l’action publique.

L’objectif de Synergie Wallonie est de diffuser cette vision en luttant contre les inégalités de genre (l’analyse de l’emploi du temps des femmes et des hommes révélant de nettes inégalités) et en en faisant un outil concret de gendermainstreaming.

 

Le colloque a rencontré un joli succès : 124 inscriptions pour les deux jours (une centaine d’inscrits par jour) avec 105 femmes et 19 hommes, 100 Belges et 24 Français, dont 26 intervenant-e-s – 21 femmes et 5 hommes – venu-e-s discuter, prendre position et/ou présenter leurs activités respectives. Nous remercions vivement toutes ces personnes pour leur partage et/ou leur présence à cet événement !

 

Avec les introductions de Dominique Royoux (président de Tempo Territorial), de Reine Marcelis et Baptiste Dethier (Synergie Wallonie), nous avons pu compter sur des interventions introductives de :

  • Dorothée Klein (représentante de M. Maxime Prévot, vice-président de la Région Wallonne, ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine, également en charge des droits des femmes) a notamment exposé les détails de la mise en œuvre du plan de gendermainstreaming par le ministre
  • Catherine Coutelle (députée à l’Assemblée Nationale, présidente de la Délégation aux Droits des Femmes et à l’Égalité des chances entre les hommes et les femmes) a, entre autres, évoqué les bienfaits des politiques temporelles et les inégalités de genre en termes de salaire, de temps de travail ou encore de congé parental

 

Animés par la journaliste Françoise Baré, trois panels se sont succédés :

 

  1. « Penser l’action publique »

 

  • Katja Krüger et Françoise Tyrant (Villes de Rennes) ont partagé l’expérience de 15 ans de leur ville dans les politiques temporelles et l’égalité F/H
  • Sophie Lambert (échevine à la Ville de Verviers) a présenté les ambitions de Verviers en tant que première ville en Belgique à se lancer dans la démarche « temporelle », en collaboration avec Synergie Wallonie
  • Cécile De Wandeler (Vie Féminine) a rappelé la nécessité de donner la possibilité aux femmes, les plus contraintes par les injonctions professionnelles et familiales, de prendre davantage le contrôle de leurs temps de vie
  • Delphine Chabbert (Ligue des Familles) a signalé que la question du temps constituait « un enjeu de santé publique », en témoigne l’augmentation des burnout professionnel et parental, nécessitant des politiques articulées
  • Bernard Fusulier (UCL) a insisté sur le besoin de transformer la société actuelle en une « société salariale multiactive permettant à chacun de construire son parcours de vie »

 

  1. « Cohésion sociale et participation citoyenne »

 

  • Laetitia Nolet (Forum Belge pour la Prévention et la Sécurité Urbaine) a évoqué l’importance pour les villes de développer une politique transversale du temps de la nuit, insistant notamment sur le sentiment d’insécurité des femmes
  • Stéphanie Scailquin (échevine à la Ville de Namur) a présenté son engagement pour l’égalité F/H dans les processus de rénovation de plusieurs quartiers namurois, dont la tenue de marches exploratoires
  • Françoise Bey (Ville de Strasbourg) a exposé son travail de lutte contre les stéréotypes, d’inclusion sociale des femmes éloignées de l’emploi et de mise en œuvre de la parité dans les conseils citoyens
  • Carine Jansen (Direction interdépartementale de la Cohésion sociale en Région Wallonne) a présenté une définition très pédagogique de la cohésion sociale et souligné toute l’importance du diagnostic initial dans l’action publique
  • Daisy Herman (ACRF Femmes en Milieu Rural) a rappelé que les difficultés temporelles rencontrées par les femmes en milieu rural sont identiques à celles en milieu urbain, les premières devant néanmoins supporter le poids de l’isolement
  • Claire Gavray (ULg) a constaté que le temps et le niveau local sont non seulement des révélateurs d’inégalités (sexuées) mais aussi des leviers, et que les réflexions sur le genre permettent de révéler des mécanismes de discriminations plus larges

 

  1. « Sphère professionnelle »

 

  • Lisa Lombardi (CoWallonia) a présenté les spécificités du coworking et les avantages produits aux utilisateurs d’un tel tiers-lieu en matière de réseau professionnel, de temps de transport ou encore de réduction de l’isolement social
  • Bénédicte Philippart de Foy (FAR Femmes Actives en Réseau) a insisté sur la nécessité de proposer aux femmes et aux filles, dès l’école, des modèles féminins pour leur montrer que la réussite professionnelle et entrepreneuriale est possible
  • Éric Schlutz et Marie Jacquin-Pavard (Strasbourg) ont expliqué les efforts de leur métropole dans la lutte contre les stéréotypes ainsi que dans la mise en œuvre du télétravail, jugé très positivement par les travailleurs et leurs responsables
  • Fabiola Frippiat (Fédération des Initiatives Locales pour l’Enfance) a fait part des difficultés pour les parents, et surtout les familles monoparentales, de trouver des milieux d’accueil adaptés, la conciliation étant rendue difficile par les contraintes professionnelles
  • Esteban Martinez (ULB) a rappelé que les déterminants d’une bonne articulation des temps proviennent de la sphère professionnelle et qu’il convient de « réhabiliter » politiquement la question du temps, en vue d’améliorer la qualité de la vie

 

Valérie Lootvoet (Université des Femmes), Agnès Marlier (Constructiv) et Isabelle Simonis (ministre des Droits des femmes de la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont malheureusement été contraintes d’annuler leur présence en dernière minute.

Afin de rentrer dans le détail de ces bien trop courts extraits des interventions de nos invités, les actes de ce colloque sont en cours d’élaboration et seront publiés dans les prochaines semaines. Pour plus d’informations, rendez-vous sur https://magicpapys.info/temporelles-2016/ !

Et pour les photos, c’est par

Et plus d’actu dès demain 🙂

 

 

Actualité Compte-rendu

Compte-rendu : « Qu’en est-il de la démocratie ? » Forum Belge Francophone des Sciences Sociales (Charleroi, 15 décembre 2016)

15541269_1171838189529912_6682691492950050965_n Le 15 décembre dernier avait lieu le 1er Forum Belge Francophone des Sciences Sociales, au CEME de Charleroi. Les organisateurs – l’Abfsa(Association Belge Francophone de Sociologie et Anthropologie) et l’Université Ouverte – avait choisi pour thème : « Qu’en est-il de la démocratie ? »
Le Forum mélange un « salon » (Foire aux initiatives, Foire aux chercheur-e-s), des conférences plénières (Michel Wieviorka sur « les frontières de la démocratie », Julien Charles sur « La participation démocratique à l’épreuve du travail ») et des ateliers thématiques (éducation, gouvernance, action collective). Plusieurs moments de pause étaient prévus pour que les participants (plus de 200) puissent s’attarder aux stands et que les associations (25) puissent assister aux conférences.
Une journée dense mais agréable et bien organisée, avec un très bon dialogue entre le secteur associatif et le milieu universitaire. Synergie Wallonie y tenait un stand, consacré aux « politiques temporelles », à savoir la prise en compte formelle et globale des temporalités, des rythmes de vie des citoyen-ne-s, de la conciliation/articulation des temps dans l’action publique ; une telle approche mettant en avant la qualité de vie des individus et des considérations très concrètes (qui n’est pas obnubilé par le temps ? qui n’a pas l’impression d’en manquer ou qu’il soit souvent une contrainte puissante ?) tout en soutenant une politique de gendermainstreaming. Plus d’infos et de publications très bientôt dans la rubrique « Politiques temporelles » 

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J’ai assisté aux deux ateliers sur « l’action collective », encadrés par Isabelle Ferreras (UCL) et consacrés aux interventions des associations Dakira ASBLTout Autre ChoseActeurs des temps présentsGarance AsbelleMigrations et Luttes Sociales et Community Land Trust Bxl.
Il en est, entre autres, ressorti qu’en tant qu’initiative citoyenne, il n’est pas évident de se faire entendre par les responsables politiques et administratifs. Pourtant, « notre horizon victorieux, c’est déjà de nommer les choses, autrement dit d’être pris en compte, que ça existe, que ça prenne une dimension politique qui concerne tout le monde » (Myriem Amrani, Dakira). Isabelle Ferreras a également insisté sur le fait que « le socle, le fondement de la démocratie, ça doit être l’égalité. C’est d’ailleurs le 1er article de la Déclaration des Droits de l’homme. Or, la démocratie néolibérale dont laquelle nous vivons n’est pas fondée sur l’égalité ». Par ailleurs, les échanges étaient vraiment très intéressants entre universitaires (Mathieu Berger notamment) et représentants du secteur associatif, dont certains portent ou ont également porté la casquette d’universitaire. La collaboration entre les deux, paraissant essentielle, ne va pourtant pas toujours de soi.

Outre le fait qu’il s’agisse de notre centre d’intérêt en tant qu’association féministe, j’ai regretté le peu d’intérêt formel pour la thématique de l’égalité F/H. Delphine Moujahid a présenté les activités de Garance et représentait la seule intervention « féministe » de la journée, tandis que Synergie Wallonie était le seul stand « féministe » du Forum ; une brochure sur le sujet était néanmoins disponible au stand du CEPAG, qui y présentait sa campagne #4J.
N’est-il pas « objectivement » important de prendre réellement cela en considération, quasiment comme une priorité, dans un événement de ce type réfléchissant à la démocratie et à son avenir ?
Nous ne doutons pas des intentions des organisateurs (notons tout de même la mention de « Foire aux chercheur-e-s »), dont Bernard Fusulier avec qui nous collaborons déjà dans nos actions, mais un rapide coup d’œil au programme illustre le fait que la question du genre passe quelque peu à la trappe, au-delà du contenu :
– Intervenant(e)s dans les ateliers : 11 femmes pour 10 hommes (pas mal pour le coup)
– Discutant(e)s : 0 femme pour 3 hommes
– Président(e)s de séances : 1 femme pour 5 hommes
– Conférenciers : 0 femme pour 2 hommes
– « Grands témoins » : 1 femme pour 2 hommes (Isabelle Ferreras ayant remplacé au pied levé…un autre homme, ce qui aurait fait 0 et 3)

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Isabelle Ferreras a mentionné ce point lorsque les « grands témoins » sont venus rapporter au public le contenu des différents ateliers : elle a signalé avoir hésité un instant à accepter d’être la « remplaçante » avant de répondre favorablement et de participer (avec brio) à ce qui reste cependant une très belle journée d’échanges consacrés à la démocratie et aux sciences sociales. Elle a rappelé que l’égalité doit être le fondement de la démocratie, et qu’il est important que la moitié de la population soit suffisamment représentée dans ce genre d’événement.
Autrement dit, il serait bienvenu que les évènements liés à la démocratie, la citoyenneté, la participation, le renouveau de l’action publique, etc., n’oublient pas que les femmes et les hommes ne partent pas sur un même pied d’égalité dans la société…

Cela sera peut-être le cas dans deux ans, lors de la probable seconde édition de cet intéressant Forum, auquel nous ne manquerons pas de participer et d’apporter notre soutien.
Que celles et ceux qui étaient présents n’hésitent pas à rendre compte de leurs impressions également ! Les miennes ne sont que partielles…et un peu partiales.

Baptiste Dethier, pour Synergie Wallonie

 

UPDATE : Dominique Cabiaux, administrateur délégué de l’Université Ouverte, nous a contacté quelques jours après notre post sur Facebook, signalant qu’ils s’étaient montrés sensibles à la question du genre : « Nous allons modifier l’approche pour la deuxième édition et vous serez contactés au moment de démarrer le processus d’organisation. Un grand merci d’avoir attiré notre attention, de façon constructive et en indiquant que ce forum contenait de nombreux points très positifs par ailleurs. » Cela fait évidemment plaisir d’avoir au moins été entendu/lu et de recevoir un retour des partenaires du Forum sur ce sujet. Synergie Wallonie se montrera évidemment disponible pour toute réflexion concernant le genre. La suite au prochain épisode !