Archives de la catégorie: Stéréotypes

Agenda Egalite femmes-hommes Stéréotypes

Samedi 14 mars 2020 au Delta à Namur – Journée associative en tout genre et en tout lieu

Pendant trois jours, secouez vos idées, préjugés et clichés sur les questions de genre et d’interculturalité !

Au programme :

Table-ronde littéraire
11h – Médiator

« Ecrire et lire autour de la migration »

Rencontre avec les autrices Geneviève Damas (Patricia, Gallimard, 2017) et Jacinthe Mazzocchetti (Là où le soleil ne brûle pas, Éditions Academia, 2019).

Ces deux écrivaines ont fait rentrer les questions de migration, de rencontre, d’intégration, de chemins d’exils dans leurs magnifiques romans. L’exil n’a rien d’anodin ni pour celui qui quitte tout et lâche son ancienne vie, ni pour celles et ceux qui rencontrent, accueillent ces femmes et ces hommes en migration, et c’est ce qu’elles nous racontent avec beaucoup de talent, d’émotions et de justesse. La rencontre sera animée par Anne-Lise Remacle

En partenariat avec la Librairie Papyrus à Namur

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Damita Aïko – Showcase
14h – Le Tambour

Damita Aiko est issue d’une famille ouvrière d’immigrés du Laos et a grandi dans le quartier multiculturel des Balances à Namur. Accompagnée de ses musiciennes Larissa (clavier) et Maryse (chœur), elle livre une musique empreinte de l’esprit soul et R’n’B des années ‘80 et ’90 qui a bercé son adolescence.

Son showcase sera suivi d’un échange avec le public sur son parcours dans la mode, la musique et sur sa recherche identitaire. Cette rencontre sera animée par la Maison Arc-en-Ciel de Namur

→ Réservations: https://cutt.ly/fr4ax4E

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Spectacle Homme/Femme par Une petite compagnie
15h30 – Médiator

Sur la tombe de sa maman, dans le cimetière d’un village de Calabre, Giuseppe dit Peppino, se raconte et confesse enfin à celle qui a partagé sa vie ce qui, jusque-là, était resté indicible : son homosexualité, en Calabre, en Italie, des années ‘70 à nos jours. Dans un flux de paroles ininterrompu, Peppino ravive les souvenirs – les plus heureux comme les plus tristes : les premières aventures sexuelles, le grand amour, les amitiés qu’on n’oublie pas, mais aussi la honte, les insultes, le désir de « rentrer dans la normalité », de pouvoir vivre sa vie sentimentale et sexuelle au grand jour et non dans le secret. Un secret de polichinelle, d’ailleurs…

La représentation sera suivie d’un échange avec Emmanuel Guillaume, animé par la Maison Arc-en-Ciel de Namur.

Texte : Saverio La Ruina
Traduction et adaptation en français : Federica Martucci et Amandine Mélan
Mise en scène : Federica Martucci
Avec Emmanuel guillaume

→ Réservations: https://cutt.ly/1r4acCq

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À vous de jouer !

Des ateliers auxquels nous vous invitons à participer pour déconstruire les clichés

« Parlez-vous inclusif ? »

« Non, dans la langue française, le masculin ne l’emporte pas forcément sur le féminin, comme nous l’avons appris à l’école. Découvrons ensemble d’autres possibilités, parce que la langue est un être vivant, donc capable d’évoluer. »

Par Irène Kaufer
Heures: 13h et 15h
Durée: 1h
15 participant·e·s maximum
→ Inscriptions: https://cutt.ly/8r4avuP

« Vous avez dit charge mentale ? »

Cet atelier en table ronde propose une réflexion autour de la charge mentale ménagère et familiale. A partir d’une liste de tâches, nous découvrons comment changer de très vieux modes de fonctionnement.

Par Afico et Synergie Wallonie pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Heures: 13h30 et 15h30
Durée: 2h
10 participant·e·s maximum
→ Inscriptions: https://cutt.ly/Yr4aEMa

« Balance tes casseroles »

Qu’arrêtes-tu de faire aujourd’hui alors que c’est toi qui l’assume d’habitude (comme une majorité de femmes) ? Viens balancer tes « casseroles » avec Vie Féminine ! L’atelier de 10h30 est assuré en non mixité.

Par Vie Féminine
Heures: 10h30 (non mixité) et 11h30 (mixité)
Durée: 40 min
Sur inscription (15 participant·e·s maximum)
→ Inscriptions: https://cutt.ly/yr4abay

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En continu
Exposition Filles, garçons, à égalité ?

Du 11 au 21 mars à PointCulture

10 jeunes reporters issus de 4 continents, le photographe François Struzik et une série de questions sur la façon dont des jeunes perçoivent leurs différences sexuelles à travers le monde… Voilà les ingrédients de l’exposition de Plan International « Filles, garçons, à égalité? », une surprenante collection de portraits, de témoignages et d’histoires fortes qui incitent à porter un regard différent sur l’égalité de genre à travers le monde.

D’autres parties de l’exposition sont visibles à la MADO (La maison de l’Adolescent) et à la Maison des citoyens de la ville de Namur. Des visites et animations de l’expo sont proposées par l’équipe de la MADO le 14 mars de 10h à 18h.

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Le Coin des assocs’

Le 14 mars de 10h à 18h dans les espaces Tiers-Lieu du Delta

Fresque participative avec Roxanartiste, visites accompagnées de l’expo par La Mado de Namur, ateliers créatifs avec customisation de tissus par Vie Féminie (de 14h à 18h), bar à badges par Solidaris, création de cartes postales avec Red Orb Créations (de 11h à 14h), jeu de « La licorne du genre » par la Maison Arc en Ciel de Namur – MACl, stands et coin associatif par Namur’Elles, décodage des pubs sexistes par les FPS-Solidaris, interview radio par CPPS, déconstruction d’insultes sexistes par le PAC…

Les associations ont mis les petits plats dans les grands pour déconstruire, avec votre participation, les stéréotypes qui ont la peau dure !

Associations participantes: Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS), Solidaris, Vie Féminine Région de Namur, Maison Arc en Ciel de Namur – MAC, La Mado de Namur (Maison de l’adolescent), Présence et Action Culturelle (Pac Régionale de Namur), la CSC,la Caravane pour la Paix et la Solidarité (CPPS).

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Vogue Take Ovah [Workshops & party] – gratuit
! Pour la première fois à Namur !

La soirée débutera par des ateliers, pour ensuite laisser place à la fête !
16h30 : Atelier « Sex Siren » par Perry Gits
→ Inscriptions: https://cutt.ly/WtqQ9r6
17h30 : pause, talk
18h00 : atelier « Vogue Fem » par Kylee Ninja
→ Inscriptions: https://cutt.ly/AtqQ7PC
19h00 : pause
21h00 : Demonstration + Q&A
21h30 : Party + Drag Performances

→ Réservation: https://cutt.ly/GtqfQ9y

Actualité Stéréotypes

Laïcité : « Le sport, lieu d’apprentissage d’une règle unique »

Soutenue par un collectif de personnalités et d’associations, Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes, appelle, dans une tribune au « Monde », le Comité d’organisation des JO de Paris 2024 à appliquer strictement la lettre de la Charte olympique.

Publié le 13 août 2019 à 10h24 – Mis à jour le 13 août 2019 à 10h26 Temps de Lecture 4 min.

Match Egypte-Italie au tournoi féminin de beach-volley des Jeux olympiques de Rio, en 2016.

Match Egypte-Italie au tournoi féminin de beach-volley des Jeux olympiques de Rio, en 2016. YASUYOSHI CHIBA / AFP

Tribune. L’interférence du religieux dans le sport est incontestablement un sujet d’actualité qui embarrasse tout autant les pouvoirs publics que les dirigeants sportifs. Un exemple révélateur : les actions de « désobéissance civile » dans une piscine de Grenoble, menées par une quinzaine de femmes en burkini revendiquant le droit de se baigner avec un maillot de bain couvrant, interdit par le règlement intérieur.

Réagissant à la situation, Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, en appelle au président de la République pour trancher : « Est-ce que le gouvernement veut ou pas que la piscine devienne, comme l’école, un sanctuaire qui soit protégé du religieux, et donc avoir un regard qui est contraire, aujourd’hui en tout cas, aux regards de l’Observatoire de la laïcité et du Défenseur des droits ? »

Allant dans le même sens, les rapporteurs de la mission parlementaire sur les services publics face à la radicalisation mentionnent une proposition consistant à s’inspirer de la loi sur les signes religieux à l’école : « Il peut y avoir là une piste de réflexion, même si les possibilités de réglementer, dans des structures sportives de droit privé, des comportements religieux (même ostensibles) paraissent limitées. »

Lire aussi Des femmes en burkini manifestent dans une piscine de Grenoble

Les termes du débat sont ainsi posés : d’un côté, une vision étroite de la laïcité, de l’autre, la promotion d’une vision éducative du sport.

Réaffirmant les limites de la laïcité, des guides sont élaborés afin d’aider les personnels d’encadrement à gérer ce type de conflits. L’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep, première fédération sportive multisports affinitaire de France) publie « Le C.O.D.E. du sport et laïcité », puis c’est au tour du ministère des sports, avec le guide « Laïcité et fait religieux dans le champ du sport ».

L’impuissance domine

Dès l’introduction, le ministère précise : « L’ambition de ce guide est de démontrer qu’expression du fait religieux et laïcité ne sont pas, en soi, incompatibles dans le champ du sport. » L’Ufolep se montre encore plus précise en citant les propos de Pierre Tournemire, vice-président de la Ligue de l’enseignement : « Notre société est durablement multiculturelle. Les revendications identitaires ou les pratiques religieuses doivent pouvoir légitiment s’exprimer sur la place publique sans contrainte ni suspicion, aux seules conditions précisées pour l’espace public. »

Ces guides proposent un message simple : la laïcité ne s’applique qu’aux professionnels relevant du statut d’agents publics. S’agissant des pratiquants, l’on se doit de respecter leur liberté de manifester leurs convictions, à condition que cela ne porte pas atteinte à l’ordre public. Les auteurs s’empressent d’ajouter que la notion d’ordre public est à manier avec précaution, car elle risque de cacher une potentielle discrimination pour un motif religieux, se gardant bien d’admettre que le motif religieux masque une discrimination sexiste !

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Sur la laïcité, évitons les disputes inutiles »

En résumé, faute de réflexion politique sur la fonction sociétale du sport, c’est l’impuissance qui domine. Doit-on en rester là ?

Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, dans une intervention annexée au guide du ministère des sports, réaffirme les limites de la laïcité, mais propose une voie intéressante : « Ici, en réalité, ce n’est d’ailleurs pas une question de laïcité. Cette absence de tout prosélytisme découle des valeurs du sport, rappelées notamment dans la règle 50 de la Charte olympique et dans la loi 4 de la FIFA concernant le football. »

Sanctionner les contrevenants

Il rejoint ainsi la vision promue par l’association belge Panathlon Wallonie-Bruxelles, bras armé du mouvement olympique belge pour l’éthique sportive. Sous l’impulsion de son président, Philippe Housiaux, trois colloques ont été organisés avec des représentants du sport, des religions et de la laïcité, qui ont débouché sur la déclaration « Le Sport, l’esprit de l’humanité », dont l’élément principal est le suivant : « Il/elle accepte, dès qu’il/elle franchit les portes ou entre dans l’espace “sport”, sans aucune exception, pendant l’exercice de sa pratique, à faire siennes et se conformer aux règles du sport, au sens le plus large, sans mettre en exergue ses convictions philosophiques, de façon ostentatoire et intolérante, de quelque manière que ce soit. »

Avec cette même préoccupation à l’esprit, la Ligue du droit international des femmes, soutenue par plus de 100 associations et plus de 360 personnalités, a adressé une lettre ouverte au Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024, exigeant l’application de la Charte olympique et des sanctions à l’encontre des contrevenants. Parmi ceux-ci, l’Iran et l’Arabie saoudite, qui soumettent la participation de leurs athlètes féminines à des exigences reflétant un strict apartheid sexuel (participation aux seules disciplines jugées « coraniques », corps couvert de la tête aux pieds et épreuves non mixtes). Parce que les Jeux sont la vitrine de nos sociétés, Paris se doit d’être exemplaire. Rappelons que plus de 50 métropoles dans le monde avaient soutenu notre candidature au motif que « Paris dispose des atouts et de la volonté nécessaires pour donner un nouveau souffle aux valeurs olympiques ». Ainsi, le sport restera le lieu d’apprentissage du respect de la règle unique.

Annie Sugier est présidente de la Ligue du droit international des femmes. Elle a écrit, avec Linda Weil-Curiel et Gérard Biard, Comment l’islamisme a perverti l’olympisme (Chryséis, 2018).

Cosignataires : Michèle André, secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes et de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes (1988-1991) ; Djemila Benhabib, écrivaine franco-algérienne, femme politique ; Marie-George Buffet, députée de la Seine-Saint-Denis, ex-ministre des sports ; Chahla Chafiq, écrivaine et sociologue iranienne ; Nadia El Fani, réalisatrice, scénariste et productrice franco-tunisienne ; Zineb El Rhazoui, journaliste, militante féministe ; Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice du Val-d’Oise ; William Gasparini, sociologue du sport, université de Strasbourg ; Benoit Hubert, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation physique, FSU ; Julia Kristeva, linguiste, psychanalyste et écrivaine ; Françoise Laborde, sénatrice de la Haute-Garonne, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes ; Corinne Lepage, ex-ministre de l’environnement ; Catherine Louveau, sociologue, professeure émérite, université Paris-Sud ; Laurence Marchand-Taillade, présidente de Forces laïques; Yvette Roudy, ex-ministre pour les droits des femmes ; Georges Vigarello, historien du sport et du corps, directeur d’études à l’EHESS.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/13/laicite-le-sport-lieu-d-apprentissage-d-une-regle-unique_5499000_3232.html

 

Actualité Politiques temporelles Stéréotypes

La répartition femmes-hommes en politique : sous-représentation, plafond de verre, normes sexuées…et désintérêt ?

 

Dossier complet (8 pages)

 

Alors que 2018 marque les 70 ans du droit de vote pour les femmes, celles-ci sont toujours sous-représentées actuellement par rapport à leurs collègues masculins qui détiennent majoritairement les rênes du pouvoir aux différents niveaux. La présente publication a pour objectif de présenter les chiffres* de répartition des femmes et des hommes dans le paysage politique de Wallonie et de Bruxelles : on y constate qu’au-delà des différences nettes dans les proportions, le genre de l’élu·e détermine encore souvent les matières dont il ou elle a la charge…

Dans cette publication, nous passons en revue les Collèges et Conseils communaux des Régions wallonne et de Bruxelles-Capitale ainsi que les Parlements. Il en ressort de nos chiffres et analyses que :

  • Les femmes sont largement minoritaires dans tous ces organes et leur pourcentage décroît au fur et à mesure de l’importance de la fonction
  • Les Finances ou la Mobilité sont clairement des affaires d’hommes, alors que les femmes se voient davantage confier la Petite enfance ou l’Action Sociale
  • L’Égalité femmes/hommes et/ou les Droits des femmes n’apparaissent pas dans les communes et les parlements comme des priorités méritant des échevinats ou des ministères
  • Les quotas sont une première étape devant être consolidée par d’autres engagements fondamentaux et durables. Imposer la mixité règlera difficilement le problème des normes patriarcales
  • Nous attendons dès à présent des réactions du monde politique (communes, partis, parlements) pour :
    • Réfléchir et agir sur l’engagement des femmes en politique – passant notamment par une prise de conscience des hommes du système en place
    • Inscrire formellement l’égalité F/H et les Droits des femmes comme des priorités, et d’agir en conséquence en collaboration directe et concrète avec les associations et les citoyen·nes
    • Lier ces deux premiers points à la thématique primordiale de la conciliation vie privée/vie professionnelle pour tou·tes, et plus largement de l’équilibre des temps de vie au quotidien, grand frein à l’égalité entre les femmes et les hommes en général et, dans le cas qui nous occupe ici, à la présence accrue et durable de femmes dans le paysage politique

 

Actualité Stéréotypes

L’écriture inclusive bouscule les normes…patriarcales

 

L’expression « le masculin l’emporte toujours » est menacée, depuis quelques temps, par une proposition d’évolution de la langue française pas toujours vue d’un très bon œil : l’écriture inclusive. De plus en plus usitée dans les milieux féministes, voire dans d’autres cercles (l’UCL vient, par exemple, de la généraliser officiellement), elle vient de faire l’actualité en France suite à la décision des Éditions Hatier de l’employer dans l’un de ses manuels scolaires à destination d’élèves de huit ans.

Tollé dans les chaumières, à l’Académie française, chez les philosophes de la décence et du bon goût (Finkielkraut, Enthoven) et, bien sûr, sur les réseaux sociaux. Les féministes n’ont-elles pas mieux à faire que s’attaquer à notre belle langue si riche ? Ne pense-t-on donc pas à nos enfants, qui peinent déjà dans leur apprentissage scolaire ? Et puis surtout, à quoi ressemblerait les chefs-d’œuvre de Baudelaire ou de Victor Hugo, défigurés par une telle infamie ? Juste ciel, nous sommes foutus, c’est la décadence de notre civilisation.

« L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes »[1]. Il s’agit, entre autres, d’accorder les noms de fonction ou de métier selon le genre (une directrice, une professeure…), mais aussi d’utiliser à la fois du masculin et du féminin : par exemple, « ils et elles font », « les actrices et les acteurs jouent la comédie », etc.

Sur ce point, la proposition la plus polémique est l’utilisation du « point milieu » pour garantir cette représentation égale sans multiplier les mots : « chacun·e », « tou·te·s », « les professeur·e·s » ou encore « les acteur·trice·s ». Un style nouveau qui bouscule nos habitudes et pose a priori des questions tout à fait légitimes sur la lisibilité et la complexité du langage.

 

Cependant, il est amusant de constater à quel point cette proposition d’évolution semble faire peur à ses détracteurs – qu’on les appelle réactionnaires, conservateurs, peu importe –, dont les arguments peinent souvent à tenir la distance.

Premièrement, il est évident que l’écriture inclusive implique un effort d’adaptation. Mais quand on sait le pouvoir du langage, le poids des stéréotypes et l’importance de la communication orale et écrite dans la société, n’est-ce pas un véritable réflexe « patriarcal » que de refuser de réaliser cet effort ? Les gens sont plus prompts à râler sur l’évolution de la langue que sur l’inégalité salariale, qu’ils jugent pourtant « plus importante » pour l’égalité des sexes. Agir sur la langue française est une modification profonde, destinée à influencer les mentalités et à diminuer les stéréotypes de genre. Bien entendu, cela demande moins d’effort d’applaudir l’Arabie Saoudite qui autorise les femmes à conduire une voiture – ça, c’est du féminisme !

Deuxièmement, vu les réactions des adultes, on se dit qu’il est plus prudent de commencer dès maintenant à apprendre l’écriture inclusive aux enfants, qui se familiariseront bien plus rapidement que leurs aînés à l’utilisation du point milieu. L’apprentissage de nouvelles règles dans la scolarité n’est forcément pas anodin mais les personnes hurlant à la complexité de cette forme d’écriture – pour les pauvres enfants qui ont déjà tant de difficultés à lire… – sont généralement les mêmes qui s’accrochent becs et ongles à des règles grammaticales et orthographiques sans queue ni tête[2]. Tiens, les « progressistes » proposeraient-ils autre chose que du nivellement par le bas ?

Troisièmement, les opposants montent au créneau en citant fièrement Baudelaire, Victor Hugo ou La Fontaine : avec l’écriture inclusive, ce serait tout bonnement illisible ! Pas faux. Néanmoins, on rappelle que Rabelais a écrit en ancien français, que Shakespeare a rédigé en anglais – du coup, on l’a traduit en français ! Quelle hérésie, non ? – et que les Saintes Écritures ont été écrites et réécrites, on ne sait pas tout à fait par qui et on ne sait pas tout à fait quand, en hébreu, en grec ou en latin. Les traductions ont toujours existé, les nouvelles éditions de textes anciens sont régulières et l’accès aux textes originaux reste tout aussi fondamental.

 

Dans le futur, Les Misérables pourrait potentiellement être réécrit pour correspondre à de nouveaux standards langagiers, et/ou figurer dans sa version originale…agrémentée d’explications sur ce drôle de style dans lequel « le masculin l’emporte ». Car oui, dans quelques décennies, les générations futures se demanderont peut-être pourquoi leurs ancêtres écrivaient surtout au masculin.

Et d’ailleurs, vous vous souvenez quand on payait encore en francs ? Le passage à l’euro a nécessité un temps d’adaptation, et deux prix se sont longtemps côtoyés sur les étiquettes. Certaines personnes opèrent encore la conversion dans leur tête et cela fait parfois sourire les jeunes générations. Comme quoi…[3]

 

[1] http://www.ecriture-inclusive.fr.

[2] Un dossier était consacré à l’orthographe dans le Moustique du 20 septembre 2017 (n° 4782). Michel Francard, linguiste à l’UCL, y tenait les propos suivants : « On peut aujourd’hui invoquer l’histoire de la langue pour garder des difficultés orthographiques, mais il faut le faire avec distance. Ces difficultés sont souvent le résultat de décisions assez élitistes et qui ont évolué. Toute l’histoire de l’orthographe est truffée d’erreurs ou de décisions arbitraires » (p. 23).

[3] Cette opinion s’adressant avant tout aux personnes sceptiques quant à l’écriture inclusive, les règles de cette dernière n’ont pas été d’application dans ce texte, afin de les ménager.

 

Baptiste Dethier

 

Actualité Compte-rendu Stéréotypes

Enquête de l’IWEPS : les stéréotypes de genre ont la peau dure chez les wallon-ne-s

Pour la 5ème année consécutive, l’IWEPS a publié en 2016 son enquête phare, le Baromètre social de la Wallonie, et en a profité pour débuter des modules spécifiques dont la première thématique porte sur les discriminations, avec un premier focus consacré au genre.

Si les résultats ne nous paraissent forcément pas étonnants, cette enquête, réalisée auprès de 1410 individus de 18 ans et plus, objective toute une série de constats sur l’importance et surtout la ténacité des discriminations et stéréotypes liés au genre dans notre société, et n’est pas sans révéler quelques contradictions dans les opinions des Wallon·ne·s… Voici quelques enseignements tirés du dossier de l’IWEPS, disponible ici : http://www.iweps.be/sites/default/files/bsw2016_dossier_de_presse_final.pdf#page=13

 

Tout d’abord, d’un point de vue global, les Wallon·ne·s considèrent à :

              91% que l’égalité des droits entre femmes et hommes est « une caractéristique essentielle dans une démocratie », mais que les discriminations liées au sexe sont jugées « plutôt rares » (71%), apparaissant loin derrière les discriminations liées à l’origine ethnique ou à l’apparence physique.

Ces résultats correspondent à une moyenne européenne.

 

Ensuite, on constate une différence significative chez les répondants hommes et femmes :

              20% des femmes interrogées déclarent avoir subi une ou plusieurs discrimination(s) (le plus souvent liée à leur sexe) dans les 12 derniers mois, contre 12% des hommes (le plus souvent à cause de leur origine ethnique ou de leur âge).

              11% des hommes ne se sentent pas traités de façon égale par rapport au sexe opposé, contre 18% des femmes.

De plus,

              48% des Wallon·ne·s disent avoir été témoins de « propos à connotation sexuelle » ;

              34% ont été témoins d’une « situation où la carrière professionnelle d’une femme était freinée parce qu’elle avait des enfants » ;

              et 22% ont été témoins d’une situation où « la femme ne retrouve pas son emploi ou un emploi similaire à son retour de congé de maternité ».

Beaucoup d’hommes se retrouvent dans ces pourcentages, bien que les femmes se disent statiquement davantage témoins de discriminations liées à leur parentalité ou leur vie familiale que les hommes.

 

Enfin, les auteurs de l’enquête relèvent également l’important poids des stéréotypes dans les mentalités, renvoyant très justement le cadre légal à « une condition nécessaire, jamais suffisante ». Ainsi :

              83% des Wallon·ne·s estiment « qu’avoir un emploi est la meilleure façon pour une femme d’être indépendante ».

Cependant, dans le même temps :

              38% considèrent que « pour une femme, la vie professionnelle doit être moins importante que la famille » ;

              58% estiment que la vie de famille souffre d’une femme travaillant à temps plein ;

              22% déclarent que la carrière d’un homme passe avant celle de sa femme ;

              39% considèrent que la priorité doit être donnée aux hommes si les emplois deviennent rares ;

              et 54% pensent que « les femmes savent mieux s’occuper des enfants et des personnes âgées ».

Autrement dit, si les Wallon·ne·s sont très majoritairement favorables à l’égalité entre les femmes et les hommes, et estiment que les unes sont aussi compétentes professionnellement que les autres, ils et elles n’en considèrent pas moins que les femmes restent les plus « naturellement » à même de s’occuper des enfants, de la famille, légitimant ainsi une série de situations inégalitaires sur le marché de l’emploi et dans la sphère privée.

Pour conclure, la précision est importante : les chiffres montrent que les femmes interrogées répercutent autant, voire plus que les hommes, les différents stéréotypes liés au genre !

 

Autant dire que la lutte contre les stéréotypes de genre est loin d’être gagnée, et qu’elle reste essentielle.

Merci à l’IWEPS pour son travail et la prise en compte de la dimension de genre dans ses analyses.

 

Baptiste Dethier